Très durement touché après les attentats du 13 novembre 2015, le monde du spectacle a fait évoluer ses pratiques en matière de sécurité. Mais à l'heure de la circulaire Collomb, les coûts supplémentaires peuvent avoir du mal à passer.
En effet, le surcoût de la sécurité pour les festivals a été estimé, dans une étude de 2017 du Centre national des variétés (CNV), à 2,7 % du budget global depuis 2015.
Signée en mai 2018, la circulaire Collomb donne aux préfectures le droit de demander aux festivals de rembourser tout ou partie des effectifs de forces de l'ordre mis à leur disposition. Faire l'impasse sur un dispositif de sécurité correctement dimensionné ne fait pas partie des options qui s'offrent aux organisateurs.
Pour des raisons évidentes de respect des réglementations, tout d'abord. Mais également parce que la notoriété d'un événement – au même titre que celle d'une enseigne de distribution ou d'une entreprise – passe désormais aussi par l'accueil qui est réservé au public, et à l'expérience du visiteur qui en découle : un festivalier qui se sent en sécurité est un festivalier satisfait.
Le rôle majeur du contrôle d'accès
Directrice de l’activité Réponse spécialisée en sécurité événementielle chez Securitas France, Marie Amiaud est claire quant à la nécessité de mettre en place un contrôle d'accès : « C'est indispensable pour permettre la sécurité de l'événement. Le contrôle d'accès est le seul moyen d'être sûr que les participants sont en conformité avec la réglementation. » Ce contrôle peut se dérouler de plusieurs manières, d’une simple vérification des sacs à une palpation devenue aujourd'hui quasiment systématique.
La soumission à un Poste d’inspection filtrage (PIF), tel que l'on peut en voir dans les aéroports ou à l'entrée des fan zones, le passage des effets personnels aux rayons X, la palpation de sécurité, et le passage au magnétomètre ou au portique de sécurité, reste toutefois la manière la plus fiable d'empêcher un individu malveillant d'accéder au festival.
Réglementation et coût
Si la réglementation relative au contrôle d'accès est plutôt simple, elle impose cependant une organisation bien en amont de l'événement. En effet, il faut planifier des formations délivrant les agréments nécessaires aux agents de sécurité événementielle pour effectuer des palpations ou encore utiliser du matériel type tunnels à rayons X, afin de disposer de suffisamment d'agents de sécurité formés et agrémentés.
En outre, la réglementation impose, pour les palpations, un binôme homme-femme afin que chaque participant puisse être palpé par une personne de même sexe.
Le coût du contrôle d'accès est, quant à lui, intrinsèquement lié à l'ampleur de l'événement. Plus les festivaliers sont nombreux, plus le nombre d'agents de sécurité nécessaire sera conséquent, afin que les entrées puissent avoir lieu dans la plus grande fluidité.
De la même manière, si la plage horaire des accès est importante, la note augmente. La mise à disposition de matériel comme les tunnels à rayons X, les portiques de sécurité, ou encore les magnétomètres, génère également des coûts.
Seul l'audit de sécurité initial pourra déterminer le nombre d'agents de sécurité nécessaire et le besoin d'avoir recours à tel ou tel autre type de matériel, en fonction de l'événement.
Il faudra toutefois garder à l'esprit qu'un contrôle d'accès bien pensé et dimensionné pour l'événement permettra d'atteindre, à lui seul, une très grande efficacité en matière de sûreté.