Le terme pourrait évoquer un barbarisme mais existe bel et bien dans le dictionnaire : le préventeur est « une personne médiatrice mettant en œuvre les mesures pour prévenir des problèmes de tous types, accidents, litiges, dans le milieu du travail ».
Au quotidien sur les chantiers BTP, les chantiers navals, les sites industriels, mais également lors d’opérations de maintenance ou de travaux ponctuels, le préventeur contrôle que chacun travaille en sécurité.
« Notre mission chez Securitas est la sécurité des personnes et des biens. Le préventeur, lui, se concentre essentiellement sur le premier volet. C’est une personne qui est chargée de la prévention des accidents », explique Bernard Danus, expert Qualité, hygiène, sécurité, sûreté et environnement (QHSSE) Securitas France.
Le préventeur a pour mission d’établir des plans d’action en amont, et de les adapter ensuite en temps réel, lorsque nécessaire.
Définir les risques, c’est avant tout anticiper les conjonctions entre un danger et une probabilité. Prenons l’exemple d’un marteau posé à terre. Il représente un danger mais pas un risque, alors qu’un marteau en équilibre au sommet d’un échafaudage représente, lui, un vrai risque. Le rôle du préventeur est précisément d’éviter que le marteau se trouve en haut de l’échafaudage. « Il fournit un travail d’analyse mais l’on attend aussi de lui qu’il envisage tous les risques possibles », souligne Bernard Danus.
Une mission tout-terrain
Pour cette fonction, nous recrutons généralement des ingénieurs, ou les détenteurs d’un diplôme universitaire de technologie (DUT). Il existe également des personnes d’expérience tout à fait compétentes. Les domaines d’intervention du préventeur sont extrêmement variés : santé (en cas d’utilisation de produits chimiques notamment), sécurité (outils ou machines potentiellement dangereux), environnement (déchets, effluents, fluides). Le préventeur dispose des plans de prévention des entreprises selon ces spécialités, et agit en fonction de sa formation et de son expérience. Il interroge les entreprises qui vont entrer sur un chantier pour une intervention précise et temporaire. Il peut s’agir du sous-sol d’un Immeuble de grande hauteur (IGH) pour le changement d’une chaudière, d’un local technique confiné dans une usine automobile, d’une pièce en atmosphère explosive dans une raffinerie, d’un village de vacances qui va rouvrir après de longs mois de fermeture pour la remise en état de l’électricité, la plomberie, les peintures, la piscine, etc.
« Le chef d’entreprise est tenu responsable en cas d’accident et peut parfois être conduit devant les tribunaux, même si la victime est l’employée d’un prestataire extérieur », précise Bernard Danus, qui se souvient du cas d’une mairie où un ouvrier de génie civil a été enseveli dans une tranchée.
L’ingénieur en chef des travaux de la mairie, en tant que maître d’ouvrage, s’est retrouvé sur le banc des accusés au même titre que les dirigeants de l’entreprise employant la victime, car il aurait dû vérifier les conditions de travail sur le site avant de laisser un intervenant opérer. Cela relevait de son rôle de donneur d’ordre et c’est le préventeur qui aurait dû faire ce travail au préalable.
Les risques peuvent être d’ordre chimique ou électrique. Ils peuvent être liés au travail en hauteur ou aux espaces confinés, à l'utilisation d’appareils de mesure très particuliers. Dans tous les cas de figure, le préventeur doit prévenir les chutes et éviter les troubles musculo-squelettiques comme les risques psychosociaux. Cela passe par le contrôle du respect des plans de circulation, de la distanciation, du port des Équipements de protection sanitaire (EPS) ou des Équipements de protection individuelle (EPI).
Un chef d’orchestre de la prévention
« Le préventeur gère aussi la co-activité, autrement dit la simultanéité de plusieurs interventions au même moment et au même endroit », résume Bernard Danus. « C’est un chef d’orchestre mais il ne tient pas le rôle de chef de chantier. En réalité, il souffle à l’oreille du chef de chantier. »
Il peut être assisté d’un rondier préventeur, qui effectue des circuits de vérification sur le terrain et dont le profil équivaut à un agent de service de sécurité incendie et d'assistance à personnes (SSIAP).
Pour accompagner les employeurs dans leurs obligations de prévention, nous proposons une double approche : une approche de service « coordination » avec des préventeurs aguerris, et une approche de service « opération » avec des rondiers préventeurs sur le terrain pour surveiller les travaux au plus près.