La malveillance en entreprise prend la forme d’actes délibérés, dirigés sur l’entreprise ou certains de ses membres. S’attaquant à la valeur de l’entreprise (employés, biens matériels ou immatériels etc.), ce type d’actes peut entraîner de graves conséquences et doit être traité en amont, lors du méfait et immédiatement ensuite, pour pouvoir réduire au maximum sa gravité.
Les différentes formes de malveillance
La malveillance revêt différents visages et ses caractéristiques varient selon de nombreux paramètres. « Au CNPP, nous définissons la malveillance en quatre items : l’auteur de l’acte, le mode opératoire, l’action en elle-même et l’objectif », explique Frédéric Vu Ngoc, Manager CNPP Conseil & Formation Sûreté.
Tout acte de malveillance porte atteinte :
- aux personnes travaillant dans l’entreprise ou s’y trouvant ponctuellement : atteinte psychologique ou physique, séquestration, kidnapping voire atteinte à la vie ;
- aux biens matériels de l’entreprise : vol, dégradation ou destruction ;
- à son patrimoine financier : escroquerie, fraude…
- à son patrimoine immatériel : dénigrement de la réputation, vol de données avec l’espionnage…
On peut également citer un autre type de malveillance, comme l’occupation illégale des locaux : « ces atteintes préjudiciables non-offensives peuvent prendre la forme de squats, ou d’exploration urbaine type urbex* », précise Frédéric Vu Ngoc. Ce genre d’événement n’est pas offensif envers l’entreprise mais lui nuit tout de même indirectement aussi bien en termes d’image, de responsabilité juridique ou de mise en lumière de failles profitables pour des atteintes offensives.
Prévention et protection contre les actes malveillants
La démarche à suivre pour prévenir les actes de malveillance et leurs conséquences s’effectue sur trois niveaux : humains, organisationnels et techniques.
Avant d’établir des solutions contre les actes de malveillance, une analyse des risques est nécessaire, afin d’identifier les caractéristiques de l’entreprise à protéger et de concevoir des scénarios de malveillance. Ces projections donneront lieu à des préconisations pertinentes, en adéquation avec l’activité et le type de lieu à protéger. En toute logique, on ne traitera pas la malveillance avec une même approche pour une start-up ou une entreprise de retail.
En amont de l’acte redouté, on pourra opter pour des solutions répondant aux différents types d’actes de malveillance.
On parle de prévention situationnelle lorsqu’on analyse l’action malveillante potentielle à travers trois prismes que nous décrypte Frédéric Vu Ngoc : « Trois facteurs favorisent le passage à l’acte : la facilité à le commettre, la motivation de l’auteur et l’impunité qui en découle. »
Pour lutter contre la facilité à commettre l’acte, il faut augmenter l’effort que devra fournir l’acteur malveillant en ayant par exemple recours à la protection mécanique (clôture, porte blindée, coffre-fort, etc.)
Face à la motivation, qui peut prendre la forme de l’appât du gain, l’une des pistes sera de limiter la présence de valeur sur place, en stockant par exemple le minimum de biens susceptibles d’attirer les voleurs.
Afin de se prémunir du manque de loyauté, de la vengeance, ou encore de méfaits dictés par une idéologie politique, on peut notamment agir en offrant à ses salariés des conditions de travail optimales, des salaires ou des primes justes.
Pour réduire le sentiment d’impunité, il sera nécessaire d’augmenter les risques que devra prendre le malveillant, via notamment la vigilance des collaborateurs vis-à-vis des comportements suspects, en adoptant un contrôle d’accès adéquat ou en utilisant la vidéosurveillance. Cela ira de pair avec la réduction des excuses (« je ne savais pas »), c’est pourquoi la sensibilisation aux questions de corruption, de fraude, d’espionnage doit également être accessible à tous les collaborateurs, avec des documents internes, une charte éthique, un code des valeurs, ou encore « des protocoles accessibles à tous dans lesquels les sanctions sont clairement établies » poursuit Frédéric Vu Ngoc.
Si le passage à l’acte se produit, l’enjeu est de réduire la gravité des dommages.
Une équation de la sûreté résume ce que chaque scénario de menace doit remplir pour limiter les effets d’un acte malveillant : T1 > T2 + T3 :
- T1 étant le temps de l’acte malveillant / extraction des valeurs
- T2 le temps de détection / transmission
- Et T3 le temps de l’intervention.
Élaborer des dispositifs de sûreté en accord avec cette équation permet d’adopter une démarche pragmatique et ordonnée.
En résumé, la détection, la transmission de l’alerte et l’intervention qui s’en suivent doivent toujours se dérouler dans un temps plus court que celui de l’attaque potentielle.
Si un acte malveillant s’est malgré tout produit, un retour d’expérience est indispensable pour comprendre les failles dans le dispositif de sûreté et les corriger efficacement.
Une culture sûreté solide et partagée avec tous les membres de l’entreprise reste l’un des points essentiels pour lutter contre la malveillance. « Pour imprégner chaque collaborateur de ces réflexes et de cette connaissance préventive, il faut effecteur un travail de longue haleine, parfois négligé par les entreprises mais qui in fine se révèle primordial » conclut Frédéric Vu Ngoc.
* L’exploration urbaine, abrégée en urbex, est une pratique consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme ou inaccessibles au public.